Situé à La Chaussée de la Hulpe, le théâtre bruxellois du Méridien a longtemps fait vibrer ses spectateurs. Doté d’une longue histoire, il fut tout à la fois un lieu de culture, de rencontre et d’émotion, mené, dans ses dernières années, avec beaucoup de sensibilité par sa directrice, Catherine Brutout. Différent, unique, ses sujets de prédilection étaient surtout axés sur la psychologie humaine, l’intime, le sens de l’existence ou encore la spiritualité, le tout accompagné d’un bonne dose de bonne humeur et d’humour. Au delà de tout cela, le théâtre du Méridien était aussi un lieu d’histoire.
Une longue histoire au service du public
Crée en 1958 par Paul Florian et Monique Demalaine, à ses débuts, il hébergeait une petite compagnie de théâtre, qui travaillait sur un répertoire à succès, plutôt populaire. Par la suite, la programmation changea et ce lieu de charme, doté de plusieurs salles (en extérieur et en intérieur) fit des concerts de jazz une de ses spécialités. Au fil du temps, ce théâtre pas comme les autres, réussit à réunir 1500 abonnés et jusqu’à 10 000 spectateurs.
Au cour de sa longue vie, le théâtre du méridien connut aussi des épisodes houleux. Ainsi, dans les années 70 et 80, il dut faire face aux critiques le qualifiant de marginal dans le milieu du théâtre même si le succès était au rendez-vous. C’est en 1993 que Marcel Peeters et Catherine Brutout, des autodidactes, reprirent la compagnie. Eux aussi se retrouvèrent en proie à la critique pour n’avoir pas suivi les voies classiques et conventionnelles, et leur parcours fut jalonnés d’embûches. Plusieurs années de luttes acharnées s’ensuivirent durant lesquelles les deux metteurs en scène refusèrent de jeter l’éponge, rencontrant même de beaux succès avec des pièces comme « Sade Juliette ». Ainsi, en 1997, le Méridien ouvrira officiellement ses portes à Boisfort.
Récompense de longues années d’effort et de persévérance, en 2002, le Théâtre connut ce qui allait être ses plus beaux jours. Le succès battait son plein et le travail de Catherine Brutout était enfin reconnu à sa juste valeur. Plusieurs prix viendront couronner cette reconnaissance : le prix de la critique avec « Macbeth à deux » et « Sœur Sourire », le prix du meilleur spectacle…
2012 : la fin de l’aventure
Hélas, quelques années plus tard, en 2011, 2012 Catherine Brutout rencontre des ennuis de santé. Elle cherchera sans succès quelqu’un susceptible de lui succéder. Face à la situation, la ministre de la Culture d’alors jugera bon de ne pas lancer d’appel d’offres. Les subventions de la structure seront du même coup interrompues soit 150 000 € par an. Selon le chef du cabinet, au vu de la situation budgétaire et de l’importance de l’offre théâtrale à Bruxelles, le renouvellement de l’aide au Méridien n’est pas opportun. Le théâtre est condamné. Une décision qui laissera un goût amer au public et qui attristera aussi la très active directrice qui avait porté ce théâtre de toute son énergie. La situation est d’autant plus incompréhensible que le lieu culturel est très fréquenté et ses salles toujours bondées mais malgré un public décontenancé et chagriné face à la situation, les faits sont déjà décidés et actés.
Sans le soutien public, le théâtre du Méridien ne pourra pas continué. Il en restera le souvenir d’une belle aventure et de beaux projets, et aussi le souvenir de la lumière dans les yeux de son public.